vendredi 22 décembre 2017

Moi ou la planète...


"Curieux de savoir d’où vous vient l’envie de préserver la planète ?"
 


Voici, un peu condensé, sur FaceBook, la conclusion d’un post que je lisais il y a quelques jours. D’une curiosité à une autre, je décidais de répondre, car cela permettait de mettre au jour, pour moi-même, ce qui m’anime. Vous allez lire l’effet du lien, ce qui, d’un autre à l’autre,  passe, agit, transforme – vous aurez reconnu l’emprunt lacanien - .

Ainsi donc, je répondais comme suit :

 "Le 18 décembre, j’écris à un collègue : « Émotions. Épuisée. Un peu déboussolée. J'ai envie d'une pause... être loin, de tout. Je rêve, j'imagine, simplement danser. Chanter peut-être. Dormir. Voilà ce que je désire : danser dans un désert. "L'espace n'est plus que corporel". Un corps en expansion dans le silence de l'univers. ». Comme je me sentais, mécanisme projectif, l’univers était. Un peu chaos. A d’autres moments, par introjection, le monde simplement beau, vivant, apaisé, en moi, s’imprime. Dans cette interaction permanente, par l’essence des sens, comment ne pas prendre soin de moi, du monde, du monde, de moi. Le temps présent méditatif qui m’apprend à me connaître sans jamais me couper de ce qui m’entoure. Voilà ce qui m’amène à prendre soin. Moi ou la planète, c’est pareil."

 


La nuit même de mon écrit, dans l’après-coup, j’entendais l’évidence : identification ! Que n’y avais-je pensé plus tôt. Il suffisait de se laisser aller à quelques mots et autres expressions pour faire le lien (le lien encore, toujours).

 


Il m’est arrivé de gronder, tempêter, d’être saisie d’une colère éruptive telle un volcan. Mes larmes ont, un jour, roulé sur mes joues comme une rivière. Je me suis sentie perdue, au milieu de nulle part, comme en plein océan. J’ai été parfois si heureuse, si légère, que mes pieds quittaient le sol, je volais dans les airs. A d’autres moments rêveuse, la tête dans les nuages, quand parfois, pragmatique, j’ai les pieds bien ancrés dans le sol. Finalement un trait d’union ciel-terre. Il m’est arrivé de me sentir asséchée, cœur ou esprit, tel un désert. Sans rien pouvoir écrire. D’autres jours, ça fourmille, mon esprit vagabonde rapide, s’épaissit, luxuriante forêt tropicale aux milles habitants qui règnent dans ma tête. Imaginaire décuplé ! J’ai atteint des sommets quand je m’en faisais une montagne, avec ma ptite gueule d’atmosphère, sous une avalanche de compliments. J’ai tremblé de peur. J’ai tremblé de désir, sentant mon corps s’ouvrir devant la force tellurique de l’étreinte. J’ai parlé, écrit, exprimé, encore, me déversant telle une coulée de lave. J’ai marché ici et ailleurs, fouler plusieurs sols, enracinée. J’ai voyagé sur ce vaisseau, ce corps-terre qui me conduit à travers l’espace et le temps, comme mon corps qui m’amène là où je suis pour agiter mes doigts sur le clavier et vous écrire ceci. Oui. Vraiment. Moi ou la planète, c’est pareil.
 

 

samedi 2 décembre 2017

Sensationnel Sensoriel...



Irrésistible envie de vous convier à ma dernière balade…


Après un petit marathon avec les étudiants du Diplôme Universitaire de Préparation Mentale 4 jours durant, il me fallait changer de rythme, ralentir mon pas. J’ai choisi un coin de paradis au cœur de la forêt, non loin de Clermont-Ferrand.
La météo imprévisible me faisait un charmant cadeau. La neige. Peu équipée, je poursuivais ma route, la voiture n’ayant pas décidé de glisser en dehors de son chemin. Et plus je m’enfonçais, et plus le blanc gagnait, plus la douceur m’enveloppait, le silence également, quelque chose de cotonneux…

Arrivée à bon port. Se déposer comme un flocon. Atterrir. Passer de la chaleur humaine, d’une formidable équipe pédagogique, de supers étudiants, à la chaleur de l’âtre dans un temps suspendu. Pesanteur et légèreté se conjuguant merveilleusement.



Le lendemain, prendre son temps. Puis se lancer, dehors. Découvrir la lumière, le contraste entre la poudre et l’écorce. De noir et de blanc, d’ombre et de lumière. Le crissement de la neige à chaque pas, l’air frais sur mon visage quand le reste du corps est au chaud. La neige dans ma main, souffler pour la voir voler. S’émerveiller comme l’enfant qui découvre pour la première fois cette étrange matière. Tant de beauté. Tant de magie. Quand l’eau devient ces cristaux délicats.

Sentir le poids de mon corps quand mon pied s’enfonce jusqu’à rencontrer le sol, l’arrondi d’un caillou, une fine couche d’eau, quelques feuilles broyées…


Chercher son chemin. Sentir son mental s’agiter. Excité mais avec un brin de peur. Impossible de se perdre. Poursuivre. Faire traces. Savoir qu’elles vont disparaître. Se faire oublier.
 
 

Quelques notes de musique qui surgissent et ces mots… "Je pourrais bien brouiller les pistes, changer cent mille fois de visage, rayer mon nom de toutes les listes et m’effacer du paysage".

Comme toujours revenir au sensationnel sensoriel. Fourmillement d’informations, traversée d’émotions, sentir la vie circuler dans ce moment singulier de la saison. Ralenti. De la tête au pied, comme grisée par l’air frais. C’est comment l’odeur de la neige ?
Avancer, le bruit de la fine pluie neigeuse sur la capuche, la très légère sensation de l’humidité autour de la cheville. Pour certains, cet environnement est familier. Pour moi, c’est être en expédition, en pleine découverte. Je ne fréquente pas l’hiver. Nous faisons, là, connaissance. Je me sens accueillie.



Au Japon, le Shinrin Yoku est en vogue… Bain de forêt. Je vous encourage à vous baigner. En forêt, oui, mais aussi en ville, dans un train. Celui qui me ramènera demain à Toulon sera l’occasion d’activer autrement ce sensationnel sensoriel. Un peu de temps présent, mêlé de rêveries, saupoudré d’une lecture intelligente, accueillir les sensations, se laisser aller au sommeil si le corps le réclame…

Ecoute. Emotion. Tout ce qui me traverse. Tout ce qui passe, agit, me transforme dans la rencontre. Ces mots, ces instants partagés qui s’incarnent dans les rencontres, ces mots qui restent de nos lectures et nous invitent au dépassement…
La pesanteur n’existe plus, l’espace n’est plus que corporel et le corps devient émotion.

Cette phrase a nourri un projet un peu fou, me permettant de sortir de ma zone de confort et d’inviter les étudiants du D.U. dont je parlais plus haut à se lancer dans cette formation, à vivre une transformation, à tenter, essayer… J’ai démarré ce D.U. en m’exposant devant eux : j’ai dansé devant la projection d’une vidéo que j’ai construite patiemment l’été dernier… J’y ai mis tout mon cœur, j’ai engagé mon corps, en toute sincérité, avec authenticité. J’ai eu peur. Présente là encore à mon corps et mon esprit. Et comme pour emprunter un chemin en forêt sous la neige, je me suis lancée, joyeusement.

Alors, je vous encourage.

Osez, découvrez, plongez, partagez !
 

 

 




dimanche 1 octobre 2017

Artisan de son mieux-être

Ciel gris du matin...
 
Démarrer la journée avec un thé blanc délicatement parfumé, pain abricot-miel pour accentuer la douceur, du doré au brun sombre, quelques notes de musique telles une lune rose.
 
S'aérer, marcher, courir peut-être. Rejoindre une terre rouge aux éclats verts, secs, épineux.
 
Déambuler, rechercher les chemins possibles, jaune ou violet, voir loin...
 
Marcher, légère, déployer ses ailes, caresser les nuages, profiter de l'éclaircie.
 
 
Mon dimanche, tout en douceur, tout en couleur. Se gorger de bonnes sensations jusqu'au soir pour entamer sereine la semaine.
 
Et vous ? Qu'avez-vous fait pour agrémenter votre dimanche ? Avez-vous pris soin de vous ?

samedi 9 septembre 2017

Rentrée.

Etais-je sortie pour devoir rentrer ? C'est étrange quand on y pense de s'accrocher ainsi à ce temps singulier de l'année.

Êtes-vous rentrés ?

Semaine de rentrée, comme chaque année, les mêmes reportages sur les enfants qui reprennent le chemin de l’école plus ou moins enthousiastes. Le choix du cartable, de la tenue, les retrouvailles avec les copains ou la découverte d’une nouvelle école, les parents anxieux...

L’économie qui sort de sa suspension estivale. Les affaires reprennent. Les bouchons comme les bougeons printaniers vont enfler sur les routes. Les jours toujours plus courts. Le temps qui change comme un dégradé de couleurs. Subtil mais sûr.
Moi-même, je n’y échappe pas. J’ai fait ma rentrée… depuis le 28 août, certes. Les patients font leur rentrée au cabinet. Les séances reprennent leur rythme. Ce rythme très scolaire qui scande notre année. Alors je résiste un peu, en utilisant un agenda de l’année civile. Mon année ne commence pas avec la fin de l’été ! Petite futilité. Me revient alors une image…

Un samedi d’août, au cours d’une randonnée urbaine, en bordure, périphérie… - comment nommer cet espace ? - je croisais deux hommes assis sur la rambarde métallique d’un bout de ligne de tramway. Ils attendaient, le regard posé sur les tentes multicolores de leur camp de fortune.
Ils n’ont pas fait leur rentrée.

Ils veulent juste entrer.

Et le temps défile. Nous sommes rentrés. Ils attendent.

En permanence, le contraste. Ainsi va le monde.

mardi 1 août 2017

Les invariants.

La vie est sans garantie, de rien, jamais. Et c'est pour cela qu'elle vaut le coup d'être vécue.
 
Sur mon chemin - je file la métaphore de la randonnée ! - il y a comme des petits cailloux. Des petits ancrages rassurant, pacifiant les moments d'anxiété quand le terrain est sinueux.
 
Les invariants.
 
Ces moments, mais surtout ces personnes, parfois ces anonymes, je leur écris aujourd'hui.
 
J'ai l'habitude de faire mes courses au même endroit, toujours le même jour, et le même horaire, question d'organisation. Je rencontre ainsi toujours les mêmes visages. L'un plus bonhomme que les autres me saluent. Nous avons pris d'abord l'habitude d'échanger un seul "bonjour", puis un "vous allez bien ?"... et d'autres mots, simples, peut-être aux yeux d'autres des banalités.
 
Oui, mais j'y suis attachée. Mes courses ont une tout autre couleur. Il y a de l'humain, même dans cette surface aseptisée.
 
Et puis, plus rien, l'absence. Les pensées vagabondent. Que lui est-il arrivé ? Je m'inquiète. Plusieurs semaines s'écoulent. Soudain, ce visage ami apparaît, et je lui dis toute mon inquiétude. Je découvre ainsi un homme qui aime bien s'évader, profitant du temps de la retraite. Tant mieux ! Désormais, quand nous nous rencontrons, il me parle de ses voyages à venir.
 
Je fréquente toujours la même plage, aux mêmes horaires (décidément !). Je croise là aussi les "habitués". Mais avec l'un d'entre eux, nous commençons de grandes discussions sur les sciences, la géopolitique... avant de nous laisser tranquille chacun dans notre espace, notre nage et nos lectures. Et voici, là encore, une disparition... Inquiéte à nouveau. Cet homme est au-delà des 80 ans, il me semble... Cette fois, je n'attends pas. Je demande à un "habitué" de ses nouvelles. Ouf ! Il va mieux, il devrait revenir ces prochains jours.
 
Pierre, je vous attends pour le partage de nos points de vue !
 
Sur le chemin qui me ramenait à ma voiture, je me sentais particulièrement bien, je croisais avec plaisir toutes ces personnes s'apprêtant à passer un moment à la plage. Cet enfant zigzaguant, sa mère s'en amusant, ce couple âgé se tenant la main, ces jeunes gens sportifs bombant le torse. Sur le parking, je fais signe à une voiture que je vais libérer une place, échange de regard, un merci, des sourires.
 
Mais les invariants ne sont pas toujours là où on les croit !
 
Dimanche, avec mes nièces, nous regardons des photos de famille, elles s'amusent de se revoir bébé. Découvre leur grand-mère toute jeune, et puis elles me voient sur une photo de maternelle. Je découvre alors que ma coupe de cheveux ressemblent étrangement à celle de mes 5 ans (ne cherchez pas, je n'ai pas encore actualisé ma photo sur le blog) !! Finalement, l'enfant au regard amusé, l'enfant pétillante n'est pas si loin. Je la garde précieusement en moi. Enfant intérieure qui parfois me laisse bouleversée, peureuse, mais aussi qui me donne une grande énergie, me rappelle la légèreté.
 
Petits bonheurs, jour après jour. Ces regards passagers, ces découvertes, ces invariants.
 
 

mardi 18 juillet 2017

Les sens, l'essence, l'essentiel...

Quitter la fournaise toulonnaise, s'éloigner, gagner la fraîcheur dans un autre paysage, prête pour la déambulation. Ne pas bouder son plaisir. La facilité a parfois du bon, grimper vite, oui, mais dans le bercement de la remontée mécanique, dans le ronflement du moteur infatigable.
 
Se laisser découvrir le paysage, laisser venir à soi les couleurs, sentir les parfums de cette nature sous mes pieds, et l'air frais, 20 degrés.
Presque inimaginable. Justement, il ne s'agit plus d'imaginer, juste ressentir, être dans l'instant, s'amuser de voir où l'œil se pose, comment il parcourt cette étendue, revenir à la sensation du corps sur l'assise de la remontée. Savoir que mes pensées m'embarquent dans ce récit.
  
Nombreux seront les aller-retour, alors pour revenir au seul instant présent, si insaisissable, quelques stratégies : enregistrer quelques phrases qui me traversent, éviter de saturer ma mémoire, revenir à ma respiration, comment elle varie au grès de la marche, consciente de mon regard, où se pose-t-il, quelle pensée alors, et recommencer inlassablement, revenir à mes sensations, mon corps en mouvement, le lent balancement des bras pour l'équilibre, les jambes qui se croisent, la position du bassin, les mouvements des épaules, le contact du dos avec les bretelles du sac-à-dos.
  
Partie de cache-cache, l'occasion de sentir les différences de température, la variation de la luminosité, et le vent qui souffle, tranquille.
D'un somment à un autre par la crête, vers l'Audibergue.
 
Quelques randonneurs ça et là, quelques vététistes. Mais pour l'essentiel, la solitude de cet espace.
 

Observer l'horizon, de la cellule à l'immensité du ciel, un parcours vertigineux. Et puis imaginer sous la terre. Entendre tous ces insectes qui participent à la vie de cette terre. Plonger en elle. Être un simple trait d'union ciel-terre, être modeste surtout, respectueuse évidemment. Être émue, sûrement.
 
Trait d'union, comme cet arbre solitaire, impression de savane, d'ailleurs.
 
L'imaginaire très vite, les histoires défilent. Et c'est bon aussi de se sentir nourrie de toutes les images que l'on a déjà pu voir, de tous les sons que l'on a pu déjà entendre. Comment tout cela se compose, plus ou moins harmonieusement, qu'importe. Repérer cette production. La cultiver ou s'en déprendre.
 
Tous ces éléments qui nous fondent, nous rassurent, nous entravent parfois, nous guident aussi. Tout ce qui fait notre chemin, où nous restons parfois à l'affût des marques familières pour avancer.

 
Persévérer, se lancer, construire, apporter modestement sa pierre à l'édifice, car les êtres sont aussi des repères, chacun d'entre nous peut être un repère pour l'autre, un jour, une seconde. Participer à un tout plus grand que soi... Se sentir à sa place, un parmi les autres, interagir, sans se perdre.
  

 
Encore trop de mots, toujours...
 
Laisser pêle-mêle ce qui vient, le noter, le laisser filer comme un nuage dans le ciel. Revenir encore. Ma respiration, mon corps qui trouve l'équilibre de la marche, mes pieds sur le sol...

Comme un village... l'homme bâtisseur qui veut toujours laisser une trace. Prêt à détruire pour cela, aussi. Pensée négative qui surgit dans ce coin de beauté paisible...
 
 
Reprendre son souffle. Inspirer profondément et expirer en mettant au loin tout ce qui ternir ce tableau.
 
 
Trouver un point de repère... savoir où l'on est, où l'on en est.
 
Mais garder l'esprit ouvert et voir alors l'oiseau.
 
Silencieux, déterminé. Et laisser l'improbable arriver.
 
Hauteur de vue. Ouverture. Respiration. Eveil.
 
Et dévaler... avec ce corps en mouvement, plus agile, ce vaisseau qui me transporte dans l'espace et dans le temps... merci, merci de me maintenir en équilibre...
 
 

Dans cette mer de cailloux, entendre mon cœur battant plus fort, les pieds calés dans les chaussures qui s'agrippent, l'air plus chaud, rester dans le silence du vent, se rendre compte que j'ai loupé le chemin au point 176. Revenir sur ses pas. Toujours des aller-retour. Rien n'est jamais linéaire, ainsi se construit la route même avec un point de chute. Bifurquer. Se retrouver.
 
 
 
 
Entre les branches, les feuillages, les pommes de pins, les lavandes, les senteurs de sous-bois, les merveilleux papillons qui guident mes pas, l'approche du point de chute se dessine, pour se restaurer, autrement cette fois.
 
 
 
 





 
 
 


Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable...









Mais un chemin se termine,
pour me permettre
d'en emprunter un nouveau.
A partir de ce qui existe déjà,
dans mon souvenir,
comme la trace
d'un beau chemin,
mon vaste chemin,
les sens sont essentiels,
puisque l'essence du sujet.

 
 
 
 
 
 


samedi 25 mars 2017

Cuisiner, contempler, méditer !

Du moulin à prières au moulin à poivre... Après avoir acheté un mélange de poivres et d'épices pour parfumer mes petits plats, il fallait sortir le moulin du placard et se mettre à l'ouvrage.
 
125 grammes, ça n'a l'air de rien mais cela prend du temps.
 
Une excellente occasion de moudre en pleine conscience !
 
Assise, le dos plutôt droit, les pieds bien posés au sol, je me suis mise à actionner le moulin en étant centrée sur mes sensations.
 
La couleur du moulin et son rouge profond, les différentes couleurs des poivres et épices, les nuances de gris, de beige, une fois moulus, le bois de la table... Le son du moulin, les ponctuations plus silencieuses lorsque je vide son contenu, le bruit de la petite cuillère qui plonge dans les grains... Le contact de ma main sur la poignée, le mouvement circulaire, répétitif, hypnotique presque. La sensation de mon corps sur la chaise, les points d'appui de mon corps qui varie légèrement en fonction des mouvements que j'exécute. Le parfum qui se développe pendant la mouture..
 
 
Elargir son champ de conscience : avec des aller et retour entre les perceptions internes de son corps, comment il respire, comment il se pose, il bouge... Et laisser sa conscience aller vers l'extérieur, d'abord par les stimuli captés par ses sens, puis aller vers les objets présents devant soi, la pièce où l'on se trouve, le quartier où l'on réside, la ville, le pays, le continent... Expansion de la conscience. Retour ensuite vers les sensations corporelles.
 
J'ai fermé par intermittence les yeux. J'ai observé comment ma conscience pouvait s'orienter vers ce qui lui est plus favorable. J'ai également observer ma capacité d'accueil.
 
Je n'ai pas vu le temps passer. Même si toutes mes sensations n'étaient pas toujours agréables, l'expérience est toujours intéressante.
 
Vous n'avez pas besoin de temps supplémentaires pour contempler ou méditer. La répétition des gestes du quotidien nous donne finalement beaucoup d'occasions. Sachez en profiter !

mardi 21 février 2017

Libre ou obligé de consulter ? Une question de désir et de demande...

Il existe encore de nombreuses interrogations autour de la préparation mentale. Par exemple :
 
Doit-elle être obligatoire, au même titre que la préparation physique, l’entrainement technique et tactique, laissant croire qu’elle pourrait également éviter à certains athlètes d’arrêter leur pratique sportive pour de mauvaises raisons… Ou bien s’agit-il en, préparation mentale, d’accompagner des personnes volontaires dans cette démarche en les laissant libres de commencer et de poursuivre cette collaboration…
 
Eva Parmentier, préparatrice mentale, a proposé ce sujet lors d’une réunion de co-vision  de notre équipe du D.U. Préparateur mental - Interventions et aide à la performance de l’université de Clermont-Ferrand (l’occasion de partager au sein de notre équipe pluridisciplinaire nos expériences, points de vue, pratiques…).
 
Vous trouverez ci-dessous le contenu de ma participation, témoin d’un point de vue, mais aussi de la façon dont j’ai souhaité aborder cette question.
 
Pour moi, tout commence par le vocabulaire. Je cherche toujours dans le dictionnaire historique de la langue française quelques mots clefs, ici :
 
Volontairement = sans y être forcé, en manifestant son autorité.
Volonté : latin volontas = bonne volonté, bienveillance, zèle, puis volonté exprimée, notamment par testament d’où dispositions, sentiments à l’égard de quelqu’un, vœu, désir. Puis en philosophie, avec un sens abstrait. (Ne parlerait-on pas aujourd’hui de consentement plutôt que de volonté…)                            (Mes études de philo sont très loin, reste peut-être Descartes… la volonté est le pouvoir d’affirmer ou de nier. L’entendement propose les idées, mais la volonté dispose et dit oui ou non)
 
 
Parce qu’il y a désir, je suis allée chercher du côté de la demande…
 
Demande : déverbal, substantif d’action et par métonymie désigne la chose demandée.
Demander : latin demandare = charger quelqu’un de quelque chose d’où exiger, ordonner et à basse époque : faire venir. Exprimer le désir de, émettre la volonté d’avoir ; il est employé absolument avec l’idée de solliciter pour obtenir.
 
En bref : avoir (viendra nécessairement l’être), désir, demande, charge…
 
(Je ne résiste pas à l’envie de citer Pierre Martin, psychanalyste : « Il y a un au-delà du besoin qui se manifeste dans la demande, il y a un en-deçà de la demande, qui la provoque : c’est le manque, le vide ; son expression c’est le désir, sa transcription au niveau du sujet, c’est l’amour. »)
 
Notre groupe a échangé autour de la demande ou de son absence, de la commande, de la prescription… Qui - athlète, parent, entraineur,… - demande quoi, pour qui…
 
Oui, la demande est parfois (ou souvent ?) peu ou pas exprimée : or derrière le refus de la demande se trouve le désir. Désir qui peut aussi s’exprimer dans un détournement de la demande, et même dans un silence. Cela signifie qu’il y a un désir qui ne se traduit pas. Dans ce cas, il peut être intéressant de placer l’individu dans une situation qui peut favoriser la formulation d’une demande. Je serais donc très modérée sur l’idée de l’obligation… Mais plutôt prompte à créer ce contexte favorable à l’expression de la demande, en travaillant notamment sur les représentations que chacun peut avoir de nos champs, qu’ils soient préparation mentale ou psychologie…
 
Créer le contexte pour accueillir une demande dont la forme va varier, en fonction du rapport qu’entretient le sujet avec l’énigme qui l’habite, la perte de maîtrise que cela suppose, la souffrance qu’elle comporte et bien sûr, la figure de l’autre qu’elle implique.
 
Puisque la demande est un exprimé dans un but et dans une fin, et à quelqu’un.
 
Une problématique peut être acceptée et faire l’objet d’une demande ; elle peut être plus montrée que dite, en attente d’être vue et reconnue, en quête d’un « répondant » pour être reconnue. Elle peut être refusée, déniée mais appelant l’empathie de l’autre car adressée comme un appel muet… Enfin, elle peut aussi ne pas avoir pu s’organiser et se formuler.
 
La demande engage, elle met en gage. Et pour les enfants, il est d’autant plus important de savoir qui demande quoi. Car il est plus intéressant alors de s’occuper de celui qui demande vraiment, c’est à celui-là qu’il faudra avoir à faire. Le fameux : c’est celui qui dit qui l’est ! Et bien sûr ne pas oublier celui qui attend la demande : moi, psychologue-préparateur mental ! La première demande c’est la mienne, via cet autre de moi-même qui induit à vouloir, à faire, en faisant croire que ça vient de l’extérieur : se préoccuper de la demande, c’est se déprendre d’une tendance à prendre !
 
Sans doute mon côté "psy" qui reprend le dessus : la demande dans la société vise la satisfaction à venir d’un besoin, pour le psy, ce n’est pas l’outil, l’utile, ce qu’on peut avoir, ce qui peut servir, ce n’est pas AVOIR, c’est ÊTRE qui m’intéresse. (Quand on parle de demande, on évoque toujours la nécessité d’avoir, elle s’adresse à autrui et nous ne prenons pas garde du tout que cette demande d’avoir repose sur quelque chose de plus fondamental qui est un appel à l’être, un appel à poursuivre sa propre existence. Donc attention : demande d’être, fondement de la demande d’avoir, et non le contraire)
 
Je ne réponds pas à une demande au sens de satisfaire, je réponds à une demande au sens où il y a engagement : que celui qui vienne et demande se fende d’une question : « qu’est ce qui se passe donc chez moi* ? » (ou finisse par se fendre, car il peut être long le temps entre désir et demande !)
                         (*Vous apprécierez la formulation très directe de Pierre Martin, encore lui !)
 
Pour formuler une demande, émettre un appel, il faut avoir déjà eu antérieurement l’expérience d’une rencontre qui reconnaît et soulage la souffrance, l’apaise, au moins de manière suffisamment significative. Il faut aussi supporter l’idée de la dépendance dans laquelle la demande place le sujet. La condition pour supporter cette dépendance : qu’elle reste relative, mesurée, limitée.
 
En forme de conclusion, j’ai choisi de citer l’analyste Serge André qui nous donne l’idée de la résistance dans la demande…
 
 « L’être ne demande qu’une chose c’est qu’on lui fiche la paix, soit qu’on ne dérange pas sa souffrance. La psychanalyse réveille. Réveiller, c’est dévoiler la jouissance obscure dont le sujet berce son être et dont il ne veut rien savoir : réveiller, c’est montrer au sujet qu’il ne fait semblant de vouloir savoir que pour mieux entretenir son ignorance. A cet égard, la fonction du psychanalyste est forcément de l’ordre du cauchemar. (…) La croyance est bien sûr une façon de maintenir intouchée un « je n’en veux rien savoir ». Ce à quoi l’on croit, on y tient plus qu’à ce que l’on sait. (…) Qu’est ce que le désir de l’analyste ? C’est le désir d’être la cause du désir – ou au moins d’être à la place de la cause du désir de celui qui parle, c’est-à-dire de l’analysant. »

mardi 31 janvier 2017

2017 ??


Et bien, il était temps de vous souhaiter la belle année! Mais socialement il est admis que nous avons jusqu’au 31, non ? Donc, j’ai pris le temps.

J’ai pris le temps de goûter 2017 et je décide que finalement, c’est un bon cru… Pour peu que nous puissions œuvrer à notre bonheur : et oui, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.

Sans oublier le double effet kiss cool (celles et ceux qui étaient assez grands en 1988 se souviendront peut-être de ce slogan) : à partir de ce que nous cultivons pour nous-même, les fruits de la récolte sont autant de saveurs que nous pouvons distribuer tout autour de nous ! Pourquoi se priver !

Alors je nous adresse quelques ingrédients qu’une amie m’a livrés pour agrémenter notre année :

un saupoudrage de certitudes et des doutes éclaireurs, une dosette de quotidien et des wagons d’aventures, une infime brume et de la clarté dans les yeux, un grain de solitude et des kilogrammes de partages, quelques vérités d’adulte et une âme d’enfant lumineuse, un millimètre de futur et des kilomètres au présent, un peu de désobéissance et une tonne d’espoirs.

Adieu les résolutions inutiles qui sont déjà loin derrière nous, soyons simplement présents. Et si notre cœur est lourd en ce début d’année, n’attendons pas : dans les moments difficiles, l’important n’est pas ce qui se passe mais ce que nous allons faire.

Je vous dis à bientôt, avec tout plein de projets qui mijotent encore à feu doux avant de pimenter cette nouvelle année !