mardi 18 juillet 2017

Les sens, l'essence, l'essentiel...

Quitter la fournaise toulonnaise, s'éloigner, gagner la fraîcheur dans un autre paysage, prête pour la déambulation. Ne pas bouder son plaisir. La facilité a parfois du bon, grimper vite, oui, mais dans le bercement de la remontée mécanique, dans le ronflement du moteur infatigable.
 
Se laisser découvrir le paysage, laisser venir à soi les couleurs, sentir les parfums de cette nature sous mes pieds, et l'air frais, 20 degrés.
Presque inimaginable. Justement, il ne s'agit plus d'imaginer, juste ressentir, être dans l'instant, s'amuser de voir où l'œil se pose, comment il parcourt cette étendue, revenir à la sensation du corps sur l'assise de la remontée. Savoir que mes pensées m'embarquent dans ce récit.
  
Nombreux seront les aller-retour, alors pour revenir au seul instant présent, si insaisissable, quelques stratégies : enregistrer quelques phrases qui me traversent, éviter de saturer ma mémoire, revenir à ma respiration, comment elle varie au grès de la marche, consciente de mon regard, où se pose-t-il, quelle pensée alors, et recommencer inlassablement, revenir à mes sensations, mon corps en mouvement, le lent balancement des bras pour l'équilibre, les jambes qui se croisent, la position du bassin, les mouvements des épaules, le contact du dos avec les bretelles du sac-à-dos.
  
Partie de cache-cache, l'occasion de sentir les différences de température, la variation de la luminosité, et le vent qui souffle, tranquille.
D'un somment à un autre par la crête, vers l'Audibergue.
 
Quelques randonneurs ça et là, quelques vététistes. Mais pour l'essentiel, la solitude de cet espace.
 

Observer l'horizon, de la cellule à l'immensité du ciel, un parcours vertigineux. Et puis imaginer sous la terre. Entendre tous ces insectes qui participent à la vie de cette terre. Plonger en elle. Être un simple trait d'union ciel-terre, être modeste surtout, respectueuse évidemment. Être émue, sûrement.
 
Trait d'union, comme cet arbre solitaire, impression de savane, d'ailleurs.
 
L'imaginaire très vite, les histoires défilent. Et c'est bon aussi de se sentir nourrie de toutes les images que l'on a déjà pu voir, de tous les sons que l'on a pu déjà entendre. Comment tout cela se compose, plus ou moins harmonieusement, qu'importe. Repérer cette production. La cultiver ou s'en déprendre.
 
Tous ces éléments qui nous fondent, nous rassurent, nous entravent parfois, nous guident aussi. Tout ce qui fait notre chemin, où nous restons parfois à l'affût des marques familières pour avancer.

 
Persévérer, se lancer, construire, apporter modestement sa pierre à l'édifice, car les êtres sont aussi des repères, chacun d'entre nous peut être un repère pour l'autre, un jour, une seconde. Participer à un tout plus grand que soi... Se sentir à sa place, un parmi les autres, interagir, sans se perdre.
  

 
Encore trop de mots, toujours...
 
Laisser pêle-mêle ce qui vient, le noter, le laisser filer comme un nuage dans le ciel. Revenir encore. Ma respiration, mon corps qui trouve l'équilibre de la marche, mes pieds sur le sol...

Comme un village... l'homme bâtisseur qui veut toujours laisser une trace. Prêt à détruire pour cela, aussi. Pensée négative qui surgit dans ce coin de beauté paisible...
 
 
Reprendre son souffle. Inspirer profondément et expirer en mettant au loin tout ce qui ternir ce tableau.
 
 
Trouver un point de repère... savoir où l'on est, où l'on en est.
 
Mais garder l'esprit ouvert et voir alors l'oiseau.
 
Silencieux, déterminé. Et laisser l'improbable arriver.
 
Hauteur de vue. Ouverture. Respiration. Eveil.
 
Et dévaler... avec ce corps en mouvement, plus agile, ce vaisseau qui me transporte dans l'espace et dans le temps... merci, merci de me maintenir en équilibre...
 
 

Dans cette mer de cailloux, entendre mon cœur battant plus fort, les pieds calés dans les chaussures qui s'agrippent, l'air plus chaud, rester dans le silence du vent, se rendre compte que j'ai loupé le chemin au point 176. Revenir sur ses pas. Toujours des aller-retour. Rien n'est jamais linéaire, ainsi se construit la route même avec un point de chute. Bifurquer. Se retrouver.
 
 
 
 
Entre les branches, les feuillages, les pommes de pins, les lavandes, les senteurs de sous-bois, les merveilleux papillons qui guident mes pas, l'approche du point de chute se dessine, pour se restaurer, autrement cette fois.
 
 
 
 





 
 
 


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Mais un chemin se termine,
pour me permettre
d'en emprunter un nouveau.
A partir de ce qui existe déjà,
dans mon souvenir,
comme la trace
d'un beau chemin,
mon vaste chemin,
les sens sont essentiels,
puisque l'essence du sujet.