mardi 1 août 2017

Les invariants.

La vie est sans garantie, de rien, jamais. Et c'est pour cela qu'elle vaut le coup d'être vécue.
 
Sur mon chemin - je file la métaphore de la randonnée ! - il y a comme des petits cailloux. Des petits ancrages rassurant, pacifiant les moments d'anxiété quand le terrain est sinueux.
 
Les invariants.
 
Ces moments, mais surtout ces personnes, parfois ces anonymes, je leur écris aujourd'hui.
 
J'ai l'habitude de faire mes courses au même endroit, toujours le même jour, et le même horaire, question d'organisation. Je rencontre ainsi toujours les mêmes visages. L'un plus bonhomme que les autres me saluent. Nous avons pris d'abord l'habitude d'échanger un seul "bonjour", puis un "vous allez bien ?"... et d'autres mots, simples, peut-être aux yeux d'autres des banalités.
 
Oui, mais j'y suis attachée. Mes courses ont une tout autre couleur. Il y a de l'humain, même dans cette surface aseptisée.
 
Et puis, plus rien, l'absence. Les pensées vagabondent. Que lui est-il arrivé ? Je m'inquiète. Plusieurs semaines s'écoulent. Soudain, ce visage ami apparaît, et je lui dis toute mon inquiétude. Je découvre ainsi un homme qui aime bien s'évader, profitant du temps de la retraite. Tant mieux ! Désormais, quand nous nous rencontrons, il me parle de ses voyages à venir.
 
Je fréquente toujours la même plage, aux mêmes horaires (décidément !). Je croise là aussi les "habitués". Mais avec l'un d'entre eux, nous commençons de grandes discussions sur les sciences, la géopolitique... avant de nous laisser tranquille chacun dans notre espace, notre nage et nos lectures. Et voici, là encore, une disparition... Inquiéte à nouveau. Cet homme est au-delà des 80 ans, il me semble... Cette fois, je n'attends pas. Je demande à un "habitué" de ses nouvelles. Ouf ! Il va mieux, il devrait revenir ces prochains jours.
 
Pierre, je vous attends pour le partage de nos points de vue !
 
Sur le chemin qui me ramenait à ma voiture, je me sentais particulièrement bien, je croisais avec plaisir toutes ces personnes s'apprêtant à passer un moment à la plage. Cet enfant zigzaguant, sa mère s'en amusant, ce couple âgé se tenant la main, ces jeunes gens sportifs bombant le torse. Sur le parking, je fais signe à une voiture que je vais libérer une place, échange de regard, un merci, des sourires.
 
Mais les invariants ne sont pas toujours là où on les croit !
 
Dimanche, avec mes nièces, nous regardons des photos de famille, elles s'amusent de se revoir bébé. Découvre leur grand-mère toute jeune, et puis elles me voient sur une photo de maternelle. Je découvre alors que ma coupe de cheveux ressemblent étrangement à celle de mes 5 ans (ne cherchez pas, je n'ai pas encore actualisé ma photo sur le blog) !! Finalement, l'enfant au regard amusé, l'enfant pétillante n'est pas si loin. Je la garde précieusement en moi. Enfant intérieure qui parfois me laisse bouleversée, peureuse, mais aussi qui me donne une grande énergie, me rappelle la légèreté.
 
Petits bonheurs, jour après jour. Ces regards passagers, ces découvertes, ces invariants.