Le corps se meut sur le plateau.
Il retrouve après ses entraînements, ses répétitions, la chorégraphie. Elle
coule dans les veines, est à ce point imprégnée qu’elle peut enfin s’interpréter.
Plaisir et liberté.
Je vous parlais de danse. Une
énième fois. Je vous « teasait » méditation.
Retrouver son corps dans un même
espace, dans une même posture. Voir comment très rapidement, le corps imprime
ce rendez-vous. Le bonheur de ce moment que l’on s’accorde. Le pas se ralentit.
Le silence s’invite. Le regard se défocalise. Sentir l’air ambiant. S’asseoir
tout simplement.
Au réveil. Se préparer. Douche.
Vêtements. Traverser le jardin. Gagner la pièce où tous nous nous installons.
Attendre l’indication du jour. Je n’ai pas faim. J’ai l’habitude de déjeuner
dès le réveil. J’ai craint ce changement. Entendre combien je m’enferme dans
une représentation. Liberté. Bouger les lignes en douceur. Corps et mental qui
se rencontrent. Vraiment.
Retraite de méditation de pleine
conscience, du mercredi 17h au dimanche 14h. Une expérience intensive. Une
intense expérience. Coupure digitale. Rupture d’avec les habitudes. Celles que
l’on croit nécessaires, celles qui changent, se recréent.
Voilà pourquoi, pour moi, la
méditation n’est pas immobilité.
La posture assise, enroulée dans
ma couverture, zafu, en tailleur. Pas toujours confortable. Dans le corps, tout
un tas de sensations. Le mental lui produit son flot de pensées. Je suis lente.
Il me faut du temps pour que quelque chose lâche, s’installe, s’apaise. Repérer
ce qui me traverse et revenir, autant de fois que nécessaire à l’instant
présent, insaisissable. La respiration comme une alliée. Pas toujours. La
respiration témoin de mon état émotionnel, mental, physique. Et je n’aime pas toujours
sentir, percevoir ce qu’elle m’indique. Tension. Vagabondage. Après une
vingtaine de minutes, je me pose.
Un autre voyage commence. Se
rencontrer, dans l’insaisissable présent à peine vécu, déjà disparu, renouvelé
sans cesse. Le temps. Ce truc de philo qui tinte à votre oreille :
chronos, kairos, aiôn. Quitter le temps de la montre, pour saisir l’occasion
d’être dans ce moment mesuré par le ressenti dans une éternité nouvelle…
Être.
Jamais simple.
Aller à sa propre rencontre. Sans
se couper du monde.
Et puis marcher. Voir autrement,
sentir autrement son pas, son corps dans ce mouvement simple de la marche. Équilibre
en permanence retrouvé. Lenteur nécessaire pour vivre pleinement ce qui se déroule.
Le pied, chaque articulation, de la cheville, du genou, de la hanche. Balancement
du bassin, des bras, mouvement de la tête.
Comme la précision du geste dans
la danse…